Avec Here, Bas Devos nous invite à nous arrêter pour prendre le temps de regarder ce(ux) qu’on ne voit d’habitude pas. A la veille du congé des bâtiments, Stefan est donc sur le départ, il prévoit de rentrer quelques semaines chez lui, en Roumanie. Mais avant de partir, il s’offre un détour à travers la ville, et sa périphérie, multipliant les rencontres. Des chantiers on en voit partout, tous les jours, surtout à Bruxelles, ville en perpétuelle construction. Mais les hommes des chantiers, on ne les voit pas. Stefan est l’un d’entre eux, et ce sont ses pérégrinations dans les rues de Bruxelles et à ses frontières que va suivre Bas Devos. Est-ce qu’une rencontre fortuite peut changer un destin? On ne sait pas de quoi seront faits les lendemains de Stefan, mais on sait qu’ils seront un peu différents, que sa présence au monde en sera changée. Bas Devos égrène ses tableaux poétiques et urbains, hautement picturaux, cadrés dans un ratio presque carré et comme suspendus hors du temps, teintés d’un humanisme contagieux.
Here est produit par Marc Goyens pour Quetzalcoatl et Nabil Ben Yadir pour 10.80 Films.
Leonardo van Dijl présentait en mai dernier à la Semaine de la Critique de Cannes son premier long métrage, Julie zwijgt, portrait intime et délicat d’une jeune sportive acculée par la complexité des enjeux de domination que l’on peut trouver dans le sport de haut niveau, et qui fait de prime abord le choix du silence. Julie zwijgt traite avec justesse et une vraie intelligence cinématographique de la question de l’abus, de la domination, et de l’emprise, autant de thématiques ultra-contemporaines. Il entre à ce titre dans une conversation sociétale passionnante, mais vaut aussi pour lui-même, pour son habileté scénaristique, la qualité de sa direction artistique, ainsi que pour l’impressionnante prestation de Tessa Van den Broeck, jeune joueuse de tennis dont c’est le premier rôle, et qui nous invite avec mystère et opiniâtreté à entendre et respecter le silence de Julie, pour mieux l’exorciser. Tessa est d’ailleurs nominée pour le Magritte du Meilleur espoir féminin, tandis que Claire Bodson, qui joue le rôle de la directrice du club de tennis, est nominée pour le Magritte du Meilleur second rôle féminin. Il s’agit de sa quatrième nomination dans cette catégorie.
Julie zwijgt est produit par Gilles Coulier, Gilles De Schryver et Wouter Sap pour De Werelvrede et Delphine Tomson, Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Les Films du Fleuve.
Avec son quatrième long métrage, Skunk, inspiré de faits réels, Koen Mortier dresse le portrait sans concession et dérangeant d’un jeune garçon brisé par la violence. Le film suit la trajectoire de Liam, 17 ans, perdu aux yeux de tous, marqué à vie par des années de maltraitance familiale, et engagé dans une impossible voie de réhabilitation, gangréné pas la violence subie, qui s’est comme infiltrée sous sa peau. Extrait, et même sauvé de sa famille, Liam débarque dans un centre pour jeunes garçons comme un intrus. Dans cette réalité morose, de brefs éclairs de camaraderie, d’affection même peuvent surgir, entre jeunes, avec l’une des éducatrices aussi, qui tente de redonner à Liam une certaine estime de soi. Mais la violence est toujours là, latente, et peut exploser à tout moment… Koen Mortier nous secoue, bien fort, au rythme des déboires rencontrés par Liam, avec une caméra mobile, au plus près des épreuves que traverse le jeune homme. Un film éprouvant et intense, véritable uppercut qui éclaire sur les enfances en danger.
Skunk est produit par Eurydice Gysel pour Czar Film.
Young Hearts d’Anthony Schatteman, dévoilé à la Berlinale, est un coming of age lumineux sur un jeune garçon qui découvre l’amour, une romance queer tous publics, ce qui en fait déjà un film singulier. Elias, 13 ans, mène une vie épanouie dans son petit village, entouré par un groupe d’amis drôles et chaleureux, jusqu’au jour où emménage en face de chez lui Alexander, jeune garçon solaire et libre tout droit venu dans la grande ville, qui ne cache pas son goût pour l’amour, et pour les garçons. Elias est complètement perdu face aux sentiments qu’il sent naître en lui, n’ayant ni les codes de l’amour, ni les représentations qui lui permettraient de comprendre son attirance pour les garçons. Alors il se tait et fait taire son coeur, jusqu’à ce que l’implosion se mue en explosion. Anthony Schatteman use des outils du mélo pour rendre son histoire d’amour qui s’assume plus grande que nature, via une image lumineuse et colorée, une musique qui ne rechigne pas devant les émotions, et une interprétation très réussie, à commencer par celle de Lou Goossens, nominé pour le Magritte du Meilleur espoir masculin.
Young Hearts est produit par Xavier Rombaut pour Polar Bear et Annabella Nezri pour Kwassa Films.